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MA TANTE


cer dès ce soir, à l’auberge, à ne faire qu’un lit ; et voilà le premier baiser conjugal que je vous donne pour gage de ma foi ». Et il voulut m’embrasser.

« Comment, effronté ! lui dis-je en le repoussant fortement, est-ce que c’est un enlèvement que vous avez prétendu faire ?… Est-ce que vous avez pensé que parce que je m’étais mise à votre théâtre, c’était pour y devenir une prostituée ?… Désabusez-vous de cette idée-là. Vos dames m’ont paru honnêtes au château de mon village ; elles m’ont donné bonne opinion de leurs mœurs et de leur état, et j’ai pensé que je pourrais y conserver ma vertu comme elles. — Eh bien, sans doute, comme elles. Je ne vous en demande pas davantage. Elles vivent chacune avec un homme à qui elles sont fidelles, sans doute… tant qu’elles peuvent, du moins… car vous savez bien le proverbe, à l’impossible, nul n’est tenu… Vous