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MA TANTE


» des-Ardens, ma patronne, et de sainte Suzanne, la tienne, ont toujours su nous en délivrer !…

» Mais avec ces rénégats maudits, ces mangeurs d’Arcoran, qui sont pires que les juifs ! dont les moustaches seules me font trembler… et qui n’entendent ni le français ni le latin, toutes les prières et toutes les litanies sont inutiles. Notre dernière heure est sonnée, ma pauvre nièce ! ces enragés-là vont nous manger toutes vives » !

La peur d’être ainsi dévorée vivante, fit qu’elle ne voulut pas se laisser enchaîner ; elle sautait au milieu des forbans, les égratignait et les mordait dans l’intention de se faire tuer d’avance d’un coup de sabre, comme ils l’en menaçaient, aimant mieux, disait-elle, n’être mangée qu’après sa mort… et elle m’exhortait à en faire autant.

Enfin le capitaine de ces brigands, qui s’amusait à regarder la belle dé-