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MA TANTE


familiarité près, qu’il ne se permettait pas, on aurait pu, dans le vaisseau, nous regarder comme un véritable ménage.

Nous approchions de Malte. Deux jours encore, et notre galère rentrait dans le port. Déjà notre cher convalescent se félicitait de toucher au moment où il pourrait nous témoigner la sincérité et la délicatesse de ses sentimens pour moi, et être heureux lui-même, disait-il, de notre bonheur. Déjà il nous détaillait les agrémens et les charmes d’une maison délicieuse qu’il avait dans l’île de Malte, et les plaisirs qu’il nous y procurerait… mais un poids que j’avais sur le cœur… un serrement extraordinaire, m’ôtait malgré moi la gaieté qu’il s’efforçait de m’inspirer…

Comme il se sentait beaucoup mieux, il voulut souper avec nous dans sa chambre, et mangea même trop, à ce qu’il me parut… et malgré moi, sur-tout,