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Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/157

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remarqué qu’en un de ses articles il dit avoir des propriétés ?

— Des propriétés ? s’enquit mon oncle. Ah ! ah ! dans quel gouvernement ?

Foma s’arrêta, regarda un instant mon oncle et continua du même ton :

— Eh bien, je vous le demande, que m’importe, à moi, lecteur, qu’il ait des propriétés ? S’il en a, grand bien lui fasse ! Mais que c’est charmant ! gentiment présenté ! C’est étincelant d’esprit, d’un esprit qui jaillit en bouillonnant ; c’est une source d’esprit intarissable. Oui, voilà comme il faut écrire, et il me semble que j’aurai écrit ainsi si j’eusse consenti à écrire dans les journaux...

— Et même mieux, peut-être, ajouta respectueusement Éjévikine.

— Tu aurais, dans le style, quelque chose de mélodieux ! fit mon oncle.

Mais Foma Fomitch n’y tint plus.

— Colonel, dit-il, pourrais-je vous prier, avec la plus grande politesse, naturellement, de ne pas nous interrompre et de nous laisser poursuivre notre conversation en paix ? Vous ne pouvez rien y comprendre à cette conversation ; vous ne sauriez y exprimer d’avis ; cela vous est fermé ! Ne venez donc pas troubler notre intéressant entretien