Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/158

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littéraire. Buvez votre thé ; mêlez-vous de gérer votre propriété, mais laissez la littérature ! elle n’y perdra rien, je vous l’assure !

C’était le dernier mot de l’insolence. Je ne savais que penser.

— Mais, Foma, tu le disais toi-même, que tu aurais quelque chose de mélodieux ! dit mon oncle plein d’angoisse et de confusion.

— Oui, mais je le disais en connaissance de cause ; je le disais à propos. Mais vous !

— Parfaitement, nous le disions spirituellement, en connaissance de cause, soutint Éjévikine en tournant autour de Foma Fomitch. Ceux qui manquent d’esprit n’ont qu’à nous en emprunter, nous en avons assez pour deux ministères, et il en resterait pour le troisième ! Voilà comment nous sommes !

— Bon ! je viens encore de dire une bêtise ? conclut mon oncle avec un sourire bonhomme.

— Au moins, vous l’avouez !

— Bon ! bon ! Foma, je ne me fâche pas. Je sais que, si tu me fais des observations, c’est en ami, en frère. Je te l’ai permis moi-même ; je t’en ai même prié. C’est pour mon bien ! Je te remercie et j’en profiterai.

J’étais à bout de patience. Tout ce que j’avais