Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/211

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Mais tous mes efforts pour comprendre quelque chose à ce fatras restèrent vains. C’étaient des sottises emphatiques, écrites dans un style pompeux de laquais. Je devinai seulement que Vidopliassov se trouvait dans une situation difficile, qu’il sollicitait mon aide et mettait en moi tout son espoir « en raison de mes lumières ». Il concluait en me priant d’intervenir en sa faveur auprès de mon oncle, au moyen de la « mécanique ». C’était la fin textuelle de l’épître que j’étais encore en train de lire quand la porte s’ouvrit et Mizintchikov entra.

— J’espère que vous voudrez bien me permettre de faire votre connaissance, me dit-il d’un ton dégagé, mais avec la plus grande politesse et en me tendant la main. Je n’ai pu vous dire un mot ce tantôt, mais du premier coup, j’ai senti le désir de vous connaître plus amplement.

En dépit de ma mauvaise humeur, je répondis que j’étais moi-même enchanté, etc. Nous nous assîmes.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda-t-il à la vue de la lettre que j’avais encore à la main. Ne sont-ce pas les gémissements de Vidopliassov ? C’est bien ça. J’étais sûr qu’il vous attaquerait aussi. Il me présenta une feuille semblable et con-