Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/275

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Sans plus de réflexions, Stéphane Alexiévitch avait repris la grande route et gagné à toute vitesse Stépantchikovo, où il avait aussitôt fait éveiller mon oncle, Mizintchikov et moi. On s’était décidé pour la poursuite.

— Obnoskine ! Obnoskine ! disait mon oncle, les yeux fixés sur moi comme s’il eût voulu en même temps me faire entendre autre chose. Qui l’eût cru ?

— On peut s’attendre à toutes les infamies de la part de ce misérable ! cria Mizintchikov avec indignation, mais en détournant la tête pour éviter mon regard.

— Eh bien ! partons-nous ? Allons-nous rester là jusqu’à ce soir, à raconter des sornettes ? interrompit M. Bakhtchéiev en montant dans la calèche.

— En route ! en route ! reprit mon oncle.

— Tout va pour le mieux, mon oncle ! lui glissai-je tout bas. Voyez donc comme cela s’arrange !

— Assez là-dessus, mon ami ; ce serait péché de se réjouir… Ah ! vois-tu, c’est maintenant qu’ils vont la chasser purement et simplement, pour la punir de leur déconvenue ! Je ne prévois que d’affreux malheurs !