Aller au contenu

Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ce point troublé qu’il se précipita pour nous serrer la main comme s’il eût été grandement réjoui de notre arrivée. Par la porte ouverte qui donnait dans la pièce suivante, on pouvait apercevoir un pan de robe : quelqu’un nous guettait et écoutait par une imperceptible fente. Les habitants de la maison ne se montrèrent pas ; il semblait qu’ils fussent absents. Ils s’étaient tous cachés.

— La voilà, la voyageuse ! Elle se cache la figure dans les mains ! cria M. Bakhtchéiev en pénétrant à notre suite.

— Calmez vos transports, Stépane Alexiévitch ! C’est indécent à la fin ! Seul, ici, Yégor Ilitch a le droit de parler ; nous autres, nous ne sommes que des étrangers, fit Mizintchikov d’un ton acerbe.

Mon oncle jeta sur M. Bakhtchéiev un regard sévère ; puis, feignant de ne pas s’apercevoir de la présence d’Obnoskine qui lui tendait la main, il s’approcha de Tatiana Ivanovna dont la figure restait toujours cachée et, de sa voix la plus douce, avec le plus sincère intérêt, il lui dit :

— Tatiana Ivanovna, nous avons pour vous tant d’affection et tant d’estime, que nous avons voulu venir nous-mêmes afin de connaître vos intentions. Voulez-vous rentrer avec nous à Stépan-