Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/310

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baisait les mains de la générale et de son hôtesse, chuchotait quelques mots à l’oreille de Mlle  Pérépélitzina, faisait sa cour à Foma Fomitch ; en un mot, il se multipliait. Tout en attendant les vers d’Ilucha, il se précipita à ma rencontre avec force salutations en témoignage de son estime et de son dévouement. On ne l’eût guère cru venu à Stépantchikovo pour prendre la défense de sa fille et l’emmener définitivement.

— Le voilà ! s’écria joyeusement mon oncle à ma vue. Ilucha m’a fait la surprise d’apprendre une poésie ; oui, c’est une véritable surprise. J’en suis très ému, mon ami, et je t’ai envoyé chercher tout exprès… Assieds-toi à côté de moi et écoutons ! Foma Fomitch, mon cher, avoue donc que c’est toi qui leur a inspiré cette idée pour me faire plaisir. J’en jurerais !

Du moment que mon oncle s’exprimait ainsi et sur un pareil ton, on pouvait supposer que tout allait bien. Mais comme l’avait dit Mizintchikov, le malheur était que mon oncle ne savait pas déchiffrer les physionomies. À l’aspect de Foma, je compris que l’ancien hussard avait eu le coup d’œil juste et qu’il fallait en effet s’attendre à quelque coup de théâtre.

— Ne faites pas attention à moi, colonel,