Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

répondit-il d’une voix débile, d’une voix d’homme qui pardonne à ses ennemis. Je ne puis que louer cette surprise qui prouve la sensibilité et la sagesse de vos enfants. Les vers sont fort utiles, ne fût-ce que pour l’exercice d’articulation qu’ils comportent… Mais, ce matin, colonel, je ne me préoccupais pas de poésie ; j’étais tout à mes prières, vous le savez. Je n’en suis pas moins prêt à écouter ces vers.

Pendant ce temps, j’embrassais Ilucha et lui faisais mes souhaits.

— C’est juste, Foma, reprit mon oncle, j’avais oublié, mais je t’en demande pardon, tout en étant très sûr de ton amitié, Foma !… Embrasse-le donc encore une fois, Sérioja et regarde-moi ce gamin ! Allons, commence, Ilucha. De quoi s’agit-il ? Ce doit être une ode solennelle… de Lomonossov, sans doute ?

Et mon oncle se redressait, ne pouvant tenir en place, tant il était impatient et joyeux.

— Non, petit père, ce n’est pas de Lomonossov, dit Sachenka, contenant à peine son hilarité, mais, comme vous êtes un ancien soldat et que vous avez combattu les ennemis, Ilucha a appris une poésie militaire : « Le siège de Pamba », petit père.