Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/317

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— Hem ! grommela Foma, dont un sourire sardonique n’avait pas quitté les lèvres pendant tout le temps de la récitation.

— Je ne me souviens plus, répondit Nastenka en regardant timidement Foma Fomitch.

— Elle est de M. Kouzma Proutkov, petit père ; nous l’avons vue dans le Contemporain, dit Sachenka.

— Kouzma Proutkov ? Je ne le connais pas, fit mon oncle. Je connais Pouchkine !… Du reste, on voit que c’est un poète de mérite, n’est-ce pas, Serge ? Et, par-dessus le marché, on sent qu’il ne nourrit que les plus nobles sentiments. C’est peut-être un militaire. Je l’apprécie hautement. Ce Contemporain est une superbe revue. Je vais m’y abonner si elle a d’aussi bons poètes pour collaborateurs… J’aime les poètes ; ce sont de rudes gaillards. Te rappelles-tu, Serge, j’ai vu chez toi, à Pétersbourg, un homme de lettres. Il avait un nez d’une forme très particulière… en vérité… Que dis-tu, Foma ?

— Non, rien… rien… fit celui-ci en feignant de contenir son envie de rire. Continuez, Yégor Ilitch, continuez ! Je dirai mon mot plus tard… Stépane Alexiévitch écoute également avec le plus grand plaisir votre discours sur les hommes de lettres pétersbourgeois…