Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/326

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— Mais trêve de paroles ; je ne pourrai tout dire et le temps me manque. Je vous enverrai mes instructions par écrit. Eh bien, adieu ! adieu à tous ! Dieu soit avec vous et qu’il vous bénisse ! Je te bénis, aussi, mon enfant, — dit-il à Ilucha — Dieu te préserve du poison de tes futures passions. Je te bénis aussi, Falaléi, oublie la Kamarinskaïa ! Et vous… vous tous, souvenez-vous de Foma… Allons, Gavrilo ! Aide-moi à monter dans ce chariot, vieillard.

Et Foma se dirigea vers la porte. Poussant un cri aigu, la générale se précipita vers lui.

— Non, Foma ! je ne te laisserai pas partir ainsi ! s’écria mon oncle et, le rejoignant, il le prit par la main.

— Vous voulez donc employer la force ? demanda l’autre avec arrogance.

— Oui, Foma, s’il le faut, j’emploierai la force ! répondit mon oncle tremblant d’émotion. Tu en as trop dit : il faut t’expliquer. Tu as mal compris ma lettre, Foma !

— Votre lettre ? hurla Foma en s’enflammant instantanément, comme s’il n’eût attendu que ces paroles pour faire explosion. — Votre lettre ! La voici, votre lettre ! la voici ! Je la déchire, cette lettre ! Je la piétine, votre lettre ! et, ce faisant,