Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/327

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j’accomplis le plus sacré devoir de l’humanité ! Voilà ce que je fais, puisque vous me contraignez à des explications. Voyez ! voyez ! voyez !

Et les fragments de la lettre s’éparpillèrent dans la chambre.

— Foma, criait mon oncle en pâlissant de plus en plus, je te répète que tu ne m’as pas compris. Je veux me marier, je cherche mon bonheur...

— Vous marier ! Vous avez séduit cette demoiselle et vous mentez en parlant de mariage, car je vous ai vu hier soir sous les buissons du jardin !

La générale fit un cri, et s’affaissa dans son fauteuil. Un tumulte effrayant s’ensuivit. L’infortunée Nastenka restait immobile sur son siège, comme morte. Sachenka, effrayée et qu’on eût dite en proie à un accès de fièvre, tremblait de tous ses membres en serrant Ilucha dans ses bras.

— Foma, criait furieusement mon oncle, si tu as le malheur de divulguer ce secret, tu commettras la plus basse action du monde !

— Je vais le divulguer, votre secret ! hurlait Foma, et j’accomplirai la plus noble des actions ! Je suis envoyé par Dieu lui-même pour flétrir les ignominies des hommes. Je monterai sur le toit