Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/336

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des cris aigus et se signèrent. Bakhtchéiev en fit autant. Plusieurs voix murmurèrent :

— Petit père, le prophète Élie !

Au coup de tonnerre succéda une si formidable averse qu’on eût dit qu’un lac se déversait sur Stépantchikovo.

— Et Foma Fomitch, que devient-il dans les champs ? fit Pérépélitzina.

— Yégorouchka, rappelle-le ! s’écria désespérément la générale en se précipitant comme une folle vers la porte. Mais les dames pique-assiettes la retinrent et, l’entourant, la consolaient, criaient, pleurnichaient. C’était un tumulte indescriptible.

— Il est parti avec une redingote ; il n’a même pas pris son manteau ! continua la Pérépélitzina. Il n’a pas non plus de parapluie. Il va être foudroyé !

— C’est sûr ! fit Bakhtchéiev, et trempé jusqu’aux os !

— Vous feriez aussi bien de vous taire ! lui dis-je à voix basse.

— C’est un homme, je pense ! répartit le gros homme avec emportement. Ce n’est pas un chien ! Est-ce que tu sortirais maintenant, toi ? Va donc te baigner, si tu aimes tant cela !

Pressentant et redoutant le dénouement, je