Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/337

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m’approchai de mon oncle, resté immobile dans son fauteuil.

— Mon oncle, fis-je en me baissant à son oreille, allez-vous consentir au retour de Foma Fomitch ? Comprenez donc que ce serait le comble de l’indécence, au moins tant que Nastenka sera dans cette maison.

— Mon ami, répondit mon oncle en relevant la tête et me regardant résolument dans les yeux, je viens de prononcer mon jugement et je sais maintenant ce qu’il me reste à faire. Ne t’inquiète pas, aucune offense ne sera faite à Nastenka ; je m’arrangerai pour cela.

Il se leva et s’approcha de sa mère.

— Ma mère, dit-il, calmez-vous. Je vais faire revenir Foma Fomitch. On va le rattraper ; il ne peut encore être loin. Mais je jure qu’il ne rentrera ici que sous une seule condition : c’est que, devant tous ceux qui furent témoins de l’outrage, il reconnaîtra sa faute et demandera solennellement pardon à cette digne jeune fille. Je l’obtiendrai de lui ; je l’y forcerai. Autrement, il ne franchira pas le seuil de cette maison. Mais je vous jure, ma mère, que, s’il consent à le faire de bon gré, je suis prêt à me jeter à ses pieds, et à lui donner tout ce que je puis lui donner sans léser mes enfants. Quant