à moi, dès aujourd’hui je me retire. L’étoile de mon bonheur s’est éteinte. Je quitte Stépantchikovo. Vivez-y tous heureux et tranquilles. Moi, je retourne au régiment pour finir ma triste existence dans les tourmentes de la guerre, sur quelque champ de bataille… C’en est assez ; je pars !
À ce moment, la porte s’ouvrit et Gavrilo apparut, trempé, crotté au-delà du possible.
— Qu’y a-t-il ? D’où viens-tu ? Où est Foma ? s’écria mon oncle en se précipitant vers lui. Tout le monde entoura le vieillard avec une avide curiosité, interrompant à chaque instant son récit larmoyant par toutes sortes d’exclamations.
— Je l’ai laissé près du bois de bouleaux, à une verste et demie d’ici. Effrayé par le coup de tonnerre, le cheval pris de peur s’était jeté dans le fossé.
— Eh bien ? interrogea mon oncle.
— Le chariot versa…
— Eh bien… et Foma ?
— Il tomba dans le fossé…
— Mais va donc, bourreau !
— S’étant fait mal au côté, il se mit à pleurer. Je dételai le cheval et je revins ici vous raconter l’affaire.
— Et Foma, il est resté là-bas ?