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Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/367

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chise, Falaléi, déclara-t-il, une franchise que je ne trouve pas chez bien d’autres. Que Dieu soit avec toi ! Si tu me taquines volontairement à l’instigation de ces autres, Dieu vous récompensera tous ensemble. S’il en est autrement, je te félicite pour ton inestimable franchise, car, même dans le dernier des hommes (et tu l’es), j’ai pour habitude de voir encore l’image de Dieu… Je te pardonne, Falaléi… Mes enfants, embrassez-moi ; je reste !

— « Il reste ! » s’écrièrent d’une seule voix tous les assistants ravis.

— Je reste et je pardonne. Colonel, donnez du sucre à Falaléi ; il ne faut pas qu’il pleure dans un pareil jour de bonheur !

Une telle générosité fut naturellement trouvée extraordinaire. Se préoccuper de ce Falaléi et dans un tel moment ! Mon oncle se précipita pour exécuter l’ordre donné et, tout aussitôt, un sucrier d’argent se trouva comme par enchantement dans les mains de Prascovia Ilinitchna. D’une main tremblante, mon oncle réussit à en extraire deux morceaux de sucre, puis trois, qu’il laissa tomber, l’émotion l’ayant mis dans l’impossibilité de rien faire.

— Eh ! cria-t-il, pour un pareil jour ! — Et il donna à Falaléi tout le contenu du sucrier, ajou-