— Korovkine, commença-t-il, écoutez…
— Attendez que je me présente, interrompit Korovkine. Je me présente, interrompit Korovkine. Je me présente : l’enfant de la nature… Mais que vois-je ? Des dames !… Et tu ne dis pas, canaille, que tu as des dames ? — ajouta-t-il en guignant mon oncle avec un sourire malin. — Ça ne fait rien, courage ! On va se présenter aussi au beau sexe… Charmantes dames ! — commença-t-il d’une langue péniblement pâteuse et en s’arrêtant à chaque mot, — vous voyez devant vous un malheureux qui… en un mot… et cætera… J’aurais peine à dire le reste… Musiciens ! une polka !
— N’auriez-vous pas envie de vous reposer un peu ? s’enquit l’aimable Mizintchikov en s’approchant placidement de Korovkine.
— Me reposer ? C’est pour m’insulter que vous dites ça ?
— Nullement, mais ça fait tant de bien après un voyage…
— Jamais ! répondit Korovkine avec indignation. Tu crois que je suis saoul ? Eh bien, pas du tout !… Du reste, où est-ce qu’on repose, ici ?
— Venez, je vais vous y conduire.
— Oui, tu vas me conduire à l’écurie ? À d’autres, mon cher ! Je viens d’y passer la nuit…