Il tira le verrou et, après avoir ouvert la porte, se mit aux écoutes sur l’escalier.
Il prêta longtemps l’oreille. En bas, probablement sous la porte cochère, deux voix bruyantes échangeaient des injures. « Qu’est-ce que c’est que ces gens-là ? » Il attendit patiemment. Enfin les vociférations cessèrent de se faire entendre : les deux braillards étaient partis chacun de son côté. Déjà le jeune homme allait sortir quand, à l’étage au dessous, une porte s’ouvrit avec fracas sur l’escalier et quelqu’un se mit à descendre en fredonnant un air. « Qu’est-ce qu’ils ont donc tous à faire tant de bruit ? » pensa-t-il, et, refermant de nouveau la porte sur lui, il attendit encore. Finalement le silence se rétablit ; mais au moment où Raskolnikoff s’apprêtait à descendre, son oreille perçut tout à coup un nouveau bruit.
C’étaient des pas encore fort éloignés qui résonnaient sur les premières marches de l’escalier ; toutefois, il n’eut pas plus tôt commencé à les entendre qu’il devina immédiatement la vérité : on se rendait sans aucun doute ici, au quatrième étage, chez la vieille. D’où lui venait ce pressentiment ? Qu’y avait-il de particulièrement significatif dans le bruit de ces pas ? Ils étaient lourds, réguliers et plutôt lents que pressés.
Voici qu’il est déjà arrivé au premier étage, il monte encore… On l’entend de mieux en mieux… Il souffle comme un asthmatique en gravissant les marches… Eh ! il est en train de gagner le troisième étage… Ici !
Et Raskolnikoff eut soudain la sensation d’une paralysie générale comme il arrive dans un cauchemar où vous vous croyez poursuivi par des ennemis : ils sont sur le point de vous atteindre, ils vont vous tuer, et vous restez cloué sur place, incapable de mouvoir un membre.
L’étranger commençait à monter l’escalier du quatrième étage. Raskolnikoff, que l’épouvante avait jusqu’alors tenu immobile sur le carré, put enfin secouer sa torpeur et rentra