— Qu’est-ce que vous faites là ? demanda-t-il.
Au lieu de répondre, Raskolnikoff se leva, passa dans le vestibule et se mit à tirer le cordon. C’était la même sonnette, le même son de fer-blanc ! Il sonna une seconde, une troisième fois, prêtant l’oreille et rappelant ses souvenirs. L’impression terrible qu’il avait ressentie l’autre jour à la porte de la vieille lui revenait avec une netteté, une vivacité croissantes ; il frissonnait à chaque coup et y prenait un plaisir de plus en plus grand.
— Mais qu’est-ce qu’il vous faut ? Qui êtes-vous ? cria l’ouvrier en se dirigeant vers lui.
Raskolnikoff rentra alors dans l’appartement.
— Je veux louer un logement, je suis venu visiter celui-ci, répondit-il.
— Ce n’est pas la nuit qu’on visite des logements, et, d’ailleurs, vous auriez dû être accompagné du dvornik.
— On a lavé le parquet ; on va le mettre en couleur ? poursuivit Raskolnikoff. Il n’y a pas de sang ?
— Comment, du sang ?
— Mais la vieille et sa sœur ont été assassinées. Il y avait là une grande mare de sang.
— Quelle espèce d’homme es-tu donc ? cria l’ouvrier pris d’inquiétude.
— Moi ?
— Oui.
— Tu veux le savoir ?… Allons ensemble au bureau de police, là je le dirai.
Les deux tapissiers le considérèrent avec stupéfaction.
— Il est temps de nous en aller. Partons, Alechka. Il faut fermer, dit le plus âgé à son camarade.
— Eh bien, partons ! reprit d’un ton indifférent Raskolnikoff. Il sortit le premier et, précédant les deux hommes, descendit lentement l’escalier. — Holà ! dvornik ! cria-t-il quand il fut arrivé à la grand’porte.