Page:Dostoïevski - Crime et chatiment, tome 2.djvu/226

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donc que si vous avez toujours les mêmes vues sur ma sœur et si vous comptez vous servir, pour arriver à vos fins, du secret que vous avez surpris dernièrement, je vous tuerai avant que vous m’ayez fait mettre en prison. Je vous en donne ma parole d’honneur. En second lieu, j’ai cru remarquer ces jours-ci que vous désiriez avoir un entretien avec moi : si vous avez quelque chose à me communiquer, dépêchez-vous, car le temps est précieux, et bientôt peut-être il sera trop tard.

— Qu’est-ce donc qui vous presse tant ? demanda Svidrigaïloff en le regardant avec curiosité.

— Chacun a ses affaires, répliqua d’un air sombre Raskolnikoff.

— Vous venez de m’inviter à la franchise, et, à la première question que je vous adresse, vous refusez de répondre, observa avec un sourire Svidrigaïloff. Vous me supposez toujours certains projets ; aussi me regardez-vous d’un œil défiant. Dans votre position, cela se comprend fort bien. Mais quelque désir que j’aie de vivre en bonne intelligence avec vous, je ne prendrai pas la peine de vous détromper. Vraiment le jeu n’en vaut pas la chandelle, et je n’ai rien de particulier à vous dire.

— Alors, que me voulez-vous ? Pourquoi êtes-vous toujours à tourner autour de moi ?

— Tout simplement parce que vous êtes un sujet curieux à observer. Vous m’avez plu par le côté fantastique de votre situation, voilà ! En outre, vous êtes le frère d’une personne qui m’a beaucoup intéressé ; elle m’a parlé de vous bien des fois, et son langage m’a donné à penser que vous avez une grande influence sur elle : est-ce que ce ne sont pas là des raisons suffisantes ? Hé ! hé ! hé ! Du reste, je l’avoue, votre question est pour moi fort complexe, et il m’est difficile d’y répondre. Tenez, vous, par exemple, si vous êtes venu me trouver à présent, ce n’est pas seulement