reçu une lettre. Vous n’avez pas perdu votre temps depuis votre arrivée à Pétersbourg. Qu’au cours de vos allées et venues vous vous soyez trouvé une femme, c’est possible, mais cela ne signifie rien. Je désire m’assurer personnellement…
De quoi ? c’est bien au plus si Raskolnikoff aurait su le dire.
— Vraiment ! voulez-vous que j’appelle la police ?
— Appelez-la !
Ils s’arrêtèrent de nouveau en face l’un de l’autre. À la fin, le visage de Svidrigaïloff changea d’expression. Voyant que la menace n’intimidait nullement Raskolnikoff, il reprit soudain du ton le plus gai et le plus amical :
— Que vous êtes drôle ! J’ai fait exprès de ne pas vous parler de votre affaire, nonobstant la curiosité bien naturelle qu’elle a éveillée chez moi. Je voulais remettre cela à un autre moment ; mais, en vérité, vous feriez perdre patience à un mort… Allons, venez avec moi ; seulement, je vous en avertis, je ne rentre que pour prendre de l’argent ; ensuite, je sortirai, je monterai en voiture et j’irai passer toute la soirée dans les Îles. Eh bien, quel besoin avez-vous de me suivre ?
— J’ai affaire dans votre maison ; mais ce n’est pas chez vous que je vais, c’est chez Sophie Séménovna : je dois m’excuser auprès d’elle de n’avoir pas assisté aux obsèques de sa belle-mère.
— Comme il vous plaira ; mais Sophie Séménovna est absente. Elle est allée conduire les trois enfants chez une vieille dame que je connais depuis longtemps et qui est à la tête de plusieurs orphelinats. J’ai fait le plus grand plaisir à cette dame en lui remettant de l’argent pour les babies de Catherine Ivanovna, plus un don pécuniaire au profit de ses établissements ; enfin, je lui ai raconté l’histoire de Sophie Séménovna, sans omettre aucun détail. Mon récit