Page:Dostoïevski - Humiliés et offensés.djvu/219

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davantage, et avec un sentiment poignant qui tenait du repentir et de la reconnaissance.. Mais en même temps le nouvel amour s’était fortement établi dans son cœur. Il était difficile de prévoir comment tout cela finirait. J’étais extrêmement curieux de voir Katia, et Natacha me fit de nouveau promettre de faire sa connaissance.

Elle était devenue un peu plus gaie. Je lui parlai de Nelly, de Masloboïew et de la Boubnow, de ma rencontre avec le prince chez Masloboïew et enfin du rendez-vous que j’avais à sept heures avec ce dernier. Comme moi, elle fut étonnée d’apprendre que le prince était en relation avec Masloboïew, et qu’il eût un si vif désir de faire plus ample connaissance avec moi, quoique cela s’expliquât assez aisément par la situation du moment…



VI

J’arrivai chez Masloboïew à l’heure convenue. Il m’accueillit avec une joie bruyante et m’embrassa avec transport. Il était à moitié ivre. Je fus surtout surpris des préparatifs qui avaient été faits à mon intention, car, évidemment, on m’attendait. Un samovar de cuivre jaune bouillait sur une table ronde couverte d’une superbe nappe sur laquelle étincelait un service à thé de cristal, de porcelaine et d’argent. Une autre table, également couverte d’une nappe non moins belle, fermait un étalage de bonbons tout à fait appétissants, de confitures et de sirops de Kiew, de sucreries, de gelées, de fruits confits, d’oranges, de pommes, de noix, de noisettes et d’amandes ; en un mot, tout un magasin de fruits. Sur une troisième table, se trouvaient les hors-d’œuvre les plus variés : caviar, fromage, pâtés, saucisson, jambon fumé, poisson froid ; le tout flanqué de carafes et carafons du plus beau cristal, rangés en ordre de bataille et remplis d’eaux-de-vie de différentes espèces et des plus magnifiques couleurs : il y en avait de vertes, de brunes, d’autres qui é