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JOURNAL D’UN ÉCRIVAIN

des puissants voisins.) Or de la République rouge le chemin est court jusqu’au communisme. Et malgré le voisinage qu’y a-t-il de plus opposé au communisme que la République, même la République sanglante de 93 ? Les Républicains mettent la forme républicaine avant tout même avant la France. C’est la forme qui est tout en République, même si la République s’appelle le Mac-Mahonnat. Le communisme, lui, se moque bien de la forme républicaine. Il nie non seulement toute forme de gouvernement mais encore l’État et toute la société contemporaine. Les Français pendant quatre-vingt ans se sont bien rendu compte de cet antagonisme et ont lancé contre l’ennemi son adversaire le plus acharné. La République est bien l’expression naturelle de l’esprit bourgeois ; on pourrait même dire que la bourgeoisie française est fille de la République.

Et on dira encore que la guerre est loin ! Peut-être ne conviendrait-il pas d’en trop souhaiter l’ajournement. Déjà le socialisme a rongé l’Europe ; si l’on tarde trop, il démolira tout. Le prince de Bismarck le sait, mais il se fie trop à l’Allemagne, au feu et au sang. Mais à quoi parvient-on ici-bas en mettant tout à feu et à sang ?


III


forces mortes et forces futures


On nous dira : En ce moment il n’y a aucune cause d’inquiétude : tout est clair, tout est au beau fixe. En France, le « Mac-Mahonnat », en Orient la grande entente des puissances, partout des budgets de guerre formidables : n’est-ce pas là la paix ?

Et le pape ? Il va mourir aujourd’hui ou demain, et alors que va-t-il se passer ? Le catholicisme romain consentira-t-il à mourir avec lui pour lui tenir compagnie ? Jamais il n’a autant désiré vivre qu’à présent ! D’ailleurs

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