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JOURNAL D’UN ÉCRIVAIN

qu’il est, non pas fini, modifié. Maintenant, il faut dire que Pétersbourg, fondé en quelque sorte dans le but de diminuer l’influence de l’ancienne capitale, a vu Moscou s’associer de plus en plus à ses idées. Tout ce qui naissait et se développait à Pétersbourg naissait et se développait à Moscou. Il est bon d’ajouter que tous les villes de la Russie ont suivi cet exemple, si bien qu’en toute ville russe on trouve toute la Russie. Nous n’ignorons pas que chaque coin de province puisse avoir ses particularités, qu’il y ait même parfois un désaccord momentané entre telle région et le centre gouvernemental ; certainement, l’avenir de la Russie est insondable, mais enfin il paraît beaucoup plus clair que celui de la plupart des autres pays. Il est bon que la province parle, à la condition de ne dire rien qui puisse menacer l’unité de l’Empire. Du reste, je ne crois pas que la parole fatale soit dite sitôt ; Moscou, ce centre de la grande Russie, a donc encore un bel avenir devant lui. Moscou n’est pas encore la troisième Rome ; pourtant la prophétie doit s’accomplir, car il n’y aura pas de quatrième Rome et l’Univers ne se passera pas d’une Rome. Je dis Moscou, au lieu de dire Pétersbourg, qui vit de la même vie intellectuelle, parce que Moscou est une sorte de symbole. Tout cela est allégorique, rien de plus. Qu’Astrakhan et Kazan ne se fâchent donc point ; que ces villes continuent à publier des recueils littéraires que nous lisons avec grand plaisir. Il paraîtrait un Second pas que nous ne nous en plaindrions point, au contraire.


LE TRIBUNAL ET MADAME KAÏROVA


Nous voici bien loin de l’affaire Kaïrova. J’y reviens. J’ai été plutôt content de voir que l’on a traité la Kaïrova de façon indulgente, bien que l’acquittement m’ait paru