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Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/102

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là ce qui me tourmente : je n’arrive pas à y voir clair, reprit Veltchaninov avec chaleur. Il sait, il sait… je l’ai vu clairement aujourd’hui, et cette nuit. Mais jusqu’à quel point sait-il, voilà ce qu’il faut que je tire au clair, et c’est pour cela qu’il faut que je parte tout de suite. Il doit venir chez moi ce soir. Je n’arrive pas à comprendre d’où il pourrait savoir — je veux dire : savoir tout… Pour Bagaoutov, il n’y a pas de doute, il sait tout. Mais pour moi ?… Vous connaissez les femmes ! Dans ce cas-là, elles ne sont pas embarrassées pour donner confiance à leurs maris. Un ange aurait beau descendre du ciel, c’est sa femme que le mari croirait, et non pas l’ange… Ne secouez pas la tête, ne me condamnez pas ; je me condamne moi-même, je me suis condamné, il y a longtemps, bien longtemps !… voyez-vous, tout à l’heure, chez lui, j’étais tellement convaincu qu’il sait tout que je me suis trahi moi-même, devant lui… Le croirez-vous ? Je suis honteux de l’avoir reçu cette nuit avec la dernière grossièreté… Je vous raconterai, plus tard, tout cela en détail… Évidemment, il est venu chez moi avec l’intention de me faire comprendre qu’il savait l’offense, et qu’il connaissait l’offenseur. C’est l’unique raison de cette