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Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/119

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y avait tout, mais tout, ce qui s’appelle tout : tout sans exception, tout depuis vingt ans, classé par années et par jours. Et comme Stepan Mikhailovitch avait un goût très prononcé pour la littérature, il y avait bien dans la boîte cent lettres de sa composition, de quoi faire une nouvelle très passionnée, pour une revue ; — il est vrai que cela avait duré cinq ans. — Quelques lettres étaient annotées de la main de Natalia Vassilievna… C’est agréable pour un mari, ne trouvez-vous pas ?

Veltchaninov réfléchit un moment, et se rappela que jamais il n’avait écrit à Natalia Vassilievna la moindre lettre ni le moindre billet. De Pétersbourg il avait écrit deux lettres, mais elles étaient adressées aux deux époux, comme il avait été convenu. Il n’avait pas même répondu à la dernière lettre de Natalia Vassilievna, celle qui lui avait donné congé.

Quand il eut fini son récit, Pavel Pavlovitch se tut une minute entière, avec son sourire insolent et interrogatif.

— Pourquoi donc ne répondez-vous pas à ma petite question ? fit-il avec insistance.

— Quelle petite question ?

— Relativement aux sentiments agréables qu’éprouve un mari en découvrant la cassette.