— Oh rien, un type de mari. C’est trop long à raconter. Et puis voyons, il faut vous en aller ; il est temps ; vous m’ennuyez !
— Et pourquoi « féroce » ? Vous avez dit « féroce ».
— Je vous ai dit, en manière de plaisanterie, que vous êtes véritablement féroce.
— Qu’entendez-vous par là ? Je vous en prie, Alexis Ivanovitch, dites-le-moi, pour l’amour de Dieu ou pour l’amour du Christ !
— Allons, en voilà assez ! s’écria Veltchaninov avec colère : il est temps, allez-vous-en !
— Non, pas encore assez ! fit Pavel Pavlovitch, d’une voix vibrante. Il est possible que je vous ennuie, mais je ne m’en irai pas ainsi, parce qu’avant de m’en aller je veux boire avec vous, trinquer avec vous. Buvons, et puis je m’en irai, mais pas avant !
— Voyons, Pavel Pavlovitch, vous en irez-vous au diable, oui ou non ?
— J’irai au diable, mais quand nous aurons bu ! Vous avez dit que vous ne vouliez pas boire avec moi ; eh bien, moi, je veux que vous buviez avec moi !
Il ne ricanait plus, ne dissimulait plus. Dans tous les traits de son visage, il s’était fait une