En dépit de son exaltation, les préoccupations l’envahissaient de plus en plus.
« Il se vengera de moi par Lisa, c’est clair ! Et il se vengera sur Lisa. C’est par elle qu’il m’atteindra… Hum !… certainement je ne tolérerai plus ses incartades d’hier ! — Et il rougit à ce souvenir. — Mais il n’arrive toujours pas, et il est midi ! »
Il l’attendit encore, jusqu’à midi et demi, et son angoisse grandissait. Pavel Pavlovitch n’arrivait pas. Enfin, l’idée que, s’il ne venait pas, c’était uniquement pour ajouter encore à ses incartades de la veille, cette idée, qui revenait depuis longtemps au fond de son âme, s’empara de lui entièrement, et le bouleversa. « Il sait qu’il me tient : comment puis-je à présent me présenter devant Lisa, sans lui ! »
Enfin il ne put y résister : à une heure, il se fit conduire vivement à Pokrov. On lui dit que Pavel Pavlovitch n’avait pas couché chez lui, qu’il était rentré le matin à neuf heures, qu’il ne s’était guère arrêté plus d’un quart d’heure, et qu’il était reparti. Veltchaninov écoutait les explications de la servante, debout devant la porte de Pavel Pavlovitch, dont il tourmentait machinalement le bouton. Quand elle eut fini, il cracha, lâcha la porte, et demanda qu’on le