Et alors la petite a perdu la tête, s’est jetée sur lui, s’est cramponnée à lui, de ses petites mains, et lui a crié : « Je ne le ferai plus ! Je ne le ferai plus ! » Ah ! c’est une pitié !
Veltchaninov s’attendait à des choses bien étranges, mais ce récit le consterna si fort qu’il ne pouvait croire que ce fût vrai. Maria Sysoevna lui raconta encore beaucoup d’autres faits : une fois, par exemple, si elle ne s’était trouvée là, Lisa se serait peut-être jetée par la fenêtre. Quand il quitta Maria Sysoevna, il était comme ivre : « Je le tuerai, comme un chien, d’un coup de bâton sur la tête ! » répétait-il à part lui.
Il prit une voiture, et se fit conduire chez les Pogoreltsev. Avant d’arriver hors de ville, la voiture dut s’arrêter à un carrefour, proche d’un petit pont sur lequel défilait un long enterrement. Les abords du pont étaient encombrés par des équipages qui stationnaient ; et une foule compacte était là, qui regardait. L’enterrement était riche, la file des voitures était longue. Tout à coup, dans une de ces voitures, Veltchaninov vit apparaître la figure de Pavel Pavlovitch. Il n’en aurait pas cru ses yeux, si l’autre ne se fût penché par la portière, et ne l’eût salué de la main, avec un sourire. Évi-