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Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/151

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j’ai appelé ? demanda Veltchaninov d’une voix étranglée, après un long silence.

— J’ai eu peur. Vous avez crié si fort… j’ai eu peur.

— Là, au coin, à gauche…, dans la petite table… Allumez la bougie…

— Oh ! maintenant ce n’est pas la peine… — fit Pavel Pavlovitch, d’une voix très douce, — je trouverai bien… pardonnez-moi, Alexis Ivanovitch, de vous avoir dérangé… je me suis senti tout à coup complètement ivre…

Veltchaninov ne répondit plus. Il resta couché, le visage tourné vers le mur, toute la nuit sans bouger. Voulait-il tenir son engagement, et lui prouver qu’il le méprisait ? Il ne savait pas lui-même ce qui se passait en lui ; la secousse avait été si violente qu’il en restait comme égaré, et il fut longtemps avant de pouvoir s’endormir. Lorsqu’il se réveilla, le lendemain à dix heures, il sursauta, et se trouva assis sur son lit, comme mû par un ressort… Mais Pavel Pavlovitch n’était plus dans la chambre ! Le lit était vide, en désordre ; il s’était enfui au petit jour.

— Je le savais bien ! dit Veltchaninov, en se frappant le front.