réussit à le joindre : un arrangement facile se présentait enfin ; la partie adverse consentait à une entente ; il suffisait de renoncer à une parcelle tout à fait insignifiante de sa propriété. Il ne manquait plus que le consentement de Veltchaninov. L’avocat fut stupéfait de rencontrer une indifférence et une nonchalance parfaites chez le client méticuleux et agité de jadis.
On était aux plus chaudes journées de juillet, mais Veltchaninov oubliait même le temps. Il souffrait sans relâche d’un chagrin cuisant comme un abcès mûr ; à chaque instant, des pensées lui venaient qui le torturaient. Sa grande douleur, c’était que Lisa n’eût pas eu le temps de le connaître, qu’elle fût morte sans savoir combien sa tendresse était ardente. Le but unique de sa vie, ce but qu’il avait entrevu dans une heure de joie, avait disparu à jamais dans la nuit. Ce but qu’il avait rêvé, et auquel maintenant il pensait à toute minute, c’était que chaque jour, à chaque heure de sa vie entière, Lisa sentît la tendresse qu’il avait pour elle. « Non, songeait-il parfois dans une exaltation désespérée, non, il n’y a pas au monde de but plus élevé pour l’existence ! S’il en est d’autres, il n’en est pas de plus sacré ! À l’aide de mon amour pour Lisa, j’aurais purifié