Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/164

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doux ! » songea-t-il, et il se sentait envahi par la paix du cimetière, et il regardait le ciel clair et calme. Il sentit affluer une sorte de joie pure et forte, qui lui emplit l’âme. « C’est Lisa qui m’envoie cette paix, c’est Lisa qui me parle », songea-t-il.

Il faisait tout à fait nuit quand il quitta le cimetière pour rentrer. Tout près de la porte du cimetière, au bord de la route, il vit une petite maison de bois, une sorte de cabaret ; les fenêtres étaient larges ouvertes ; des gens étaient là, autour des tables, et buvaient. Soudain il lui sembla que l’un d’entre eux, qui regardait par la fenêtre, était Pavel Pavlovitch, qu’il l’avait aperçu et qu’il le considérait avec curiosité. Il continua son chemin. Bientôt il entendit qu’on cherchait à le rejoindre : c’était en effet Pavel Pavlovitch. Sans doute, l’air calme de Veltchaninov l’avait enhardi. Il l’aborda, l’air craintif, sourit, mais non plus de son sourire, de son sourire d’ivrogne ; il n’était pas ivre.

— Bonjour, dit-il.

— Bonjour, répondit Veltchaninov.