Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

regarda sans trouver un mot à lui dire. Mais Pavel Pavlovitch ne fut pas le moins du monde embarrassé ; il le salua, et s’assit sur cette même chaise sur laquelle il s’était assis à sa dernière visite, il y avait trois semaines. Le souvenir de cette visite revint aussitôt à l’esprit de Veltchaninov : il regarda son hôte avec inquiétude et dégoût.

— Vous êtes surpris ? commença Pavel Pavlovitch, qui remarqua le regard de Veltchaninov.

Son attitude était plus dégagée que la veille, et, en même temps, il était manifeste qu’il était plus intimidé. Ses dehors étaient tout à fait curieux. Il était mis avec une extrême recherche : jaquette d’été, pantalon clair, collant, gilet clair, gants ; lorgnon d’or, linge irréprochable ; même sa personne était toute parfumée. Tout ce personnage avait quelque chose de ridicule et, en même temps, de bizarre et de déplaisant.

— Parfaitement, Alexis Ivanovitch, poursuivit-il en s’inclinant, ma venue vous surprend, et je m’en aperçois. Mais il y a des gens entre qui j’estime qu’il persiste toujours quelque chose… ne pensez-vous pas ? quelque chose de supérieur à toutes les éventualités et à tous les