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Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/172

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suite ; seulement dans neuf ou dix mois, et alors mon deuil sera fini. Soyez-en persuadé, tout cela ira très bien. D’abord Fédoséi Petrovitch me connaît depuis l’enfance, il a connu ma femme, il sait comment j’ai vécu, il sait toute ma carrière ; et puis, j’ai quelque fortune, et voici que j’obtiens une place avec de l’augmentation : tout va bien.

— Et c’est sa fille…

— Je vous raconterai tout cela en détail, dit Pavel Pavlovitch du ton le plus aimable ; laissez-moi allumer une cigarette. Et puis, vous verrez vous-même, aujourd’hui. Vous savez, ici, à Pétersbourg, il arrive souvent qu’on évalue la fortune de fonctionnaires comme Fédoséi Petrovitch d’après l’importance de leurs fonctions. Eh bien ! sauf ses appointements et le reste — suppléments de toute sorte, gratifications, indemnités de logement et de nourriture, et casuel —, il n’a pas le moindre capital. Ils vivent très largement, mais impossible de mettre de côté, avec une famille aussi nombreuse. Pensez donc : huit filles, et un fils encore tout jeune. S’il venait à mourir, il ne leur resterait qu’une misérable pension. Et huit filles ! Songez donc ! quand il faut seulement une paire de bottines pour chacune,