Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/180

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lycée, la serviette sous le bras, avec ses cahiers et ses plumes, hé ! hé !… C’est cela qui m’a conquis. Moi, voyez-vous, Alexis Ivanovitch, je suis pour l’innocence. L’important, pour moi, c’est moins la beauté du visage que cela. Des fillettes qui rient aux éclats, dans un coin, et pourquoi ? mon Dieu ! parce que le petit chat a sauté de la commode sur le lit et a roulé comme une boule… Cela vous a un bouquet de petites pommes fraîches !… Mais voyons, faut-il ôter le crêpe ?

— Comme vous voudrez.

— Ma foi, je l’ôte !

Il prit son chapeau, arracha le crêpe et le jeta sur la chaussée. Veltchaninov vit dans ses yeux comme un clair rayon d’espérance au moment où il remit son chapeau sur sa tête chauve.

« Mais, enfin, songea-t-il avec mauvaise humeur, qu’y a-t-il de sincère dans les airs qu’il se donne ? Que signifie, au fond, l’insistance qu’il a mise à m’emmener ? A-t-il vraiment la confiance qu’il dit en la générosité de mes sentiments ? (Et cette hypothèse lui faisait presque l’effet d’une offense.) Au bout du compte, est-ce un farceur, un imbécile ou un "éternel mari" ? Dans tous les cas, c’est intolérable, à la fin ! »