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Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/186

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— Je n’en veux pas, maman !

— Accepte et remercie, — fit le père d’un ton calme et sévère, mais il était lui-même fort mécontent. — C’était inutile, vraiment inutile ! dit-il tout bas à Pavel Pavlovitch, d’une manière significative.

Nadia, résignée, prit l’écrin, et, les yeux baissés, fit une révérence d’enfant, elle plongea vivement pour se redresser vivement, comme mue par un ressort. Une de ses sœurs s’approcha pour voir le bijou ; Nadia lui tendit l’écrin sans l’ouvrir, pour montrer qu’elle-même n’avait aucun désir de regarder. Le bracelet passa de main en main ; toutes regardèrent sans mot dire, quelques-unes avec un sourire railleur. Seule la mère dit d’un air contraint que le bracelet était très joli. Pavel Pavlovitch aurait voulu rentrer sous terre.

Veltchaninov tira tout le monde d’embarras.

Il saisit la première idée venue, et parla tout haut avec entrain : cinq minutes après, toutes les personnes présentes au salon n’avaient plus d’oreilles que pour lui. Il possédait admirablement l’art de la conversation mondaine, l’art de prendre un air de conviction et de candeur, et de donner à ses auditeurs l’impression qu’il les considérait, eux aussi, comme des gens con-