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Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/189

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— Ce n’est pas vrai : je chante pour rire ; je n’ai pas une ombre de voix.

— Mais moi non plus je n’ai pas de voix, et je chante tout de même.

— Alors vous nous chanterez quelque chose ? Et puis, je vous chanterai quelque chose à mon tour, dit Nadia, avec une lueur dans les yeux ; seulement pas maintenant, après le dîner… Je ne puis pas souffrir la musique, ajouta-t-elle ; ce piano m’ennuie ; du matin au soir on ne fait ici que chanter et jouer ; il n’y a que Katia qui s’y entende un peu !

Veltchaninov prit la balle au bond, et tout le monde convint qu’en effet Katia était la seule qui s’occupât sérieusement de musique. Aussitôt il la pria de jouer quelque chose. Tous furent manifestement enchantés qu’il s’adressât à Katia et la mère rougit de plaisir. Katia se leva en souriant, se dirigea vers le piano ; et là, soudain, sans qu’elle-même s’y attendît, elle se sentit rougir, et elle fut toute confuse de rougir ainsi comme une fillette, elle, la grande et forte fille de vingt-quatre ans, — et tout cela se peignit sur son visage, tandis qu’elle s’asseyait pour jouer. Elle joua un petit morceau de Haydn, correctement, sans expression ; mais elle était intimidée. Quand elle eut terminé,