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Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/188

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lui avait parlé la veille de Veltchaninov comme de son camarade d’enfance, ce qui vieillissait ce dernier de sept ans bien comptés. Mais, à présent, la malveillante Maria était elle-même sous le charme. Pavel Pavlovitch était complètement ahuri. Il se rendait compte de ce qui faisait la supériorité de son ami ; au début, il avait été enchanté de son succès, il avait lui-même ri avec les autres et pris part à la conversation ; mais peu à peu il tomba dans une rêverie, et, finalement, dans une sorte de tristesse que trahissait clairement sa physionomie.

— Eh bien, mais vous êtes un hôte avec qui il n’est pas nécessaire de se mettre en frais ! — dit gaiement le vieux Zakhlébinine, en se levant pour remonter à sa chambre, où l’attendaient, bien que ce fût jour de fête, des papiers à examiner. — Et figurez-vous que je vous considérais comme le garçon le plus hypocondriaque du monde ! Comme on se trompe !

Il y avait dans le salon un piano à queue. Veltchaninov demanda qui s’occupait de musique, et se tourna tout à coup vers Nadia.

— Mais vous chantez, je crois ?

— Qui vous l’a dit ? fit-elle sèchement.

— C’est Pavel Pavlovitch qui me l’a dit tout à l’heure.