Aller au contenu

Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

hôte ; elle-même, la pauvre fille, elle était incapable de se mêler adroitement à la conversation.

— Quelle excellente fille, que votre sœur Katia, dit tout bas Veltchaninov à Nadia.

— Katia ! mais il n’est pas possible d’être meilleure qu’elle ! C’est notre ange à toutes, et je l’adore, répondit-elle avec chaleur.

À cinq heures, on servit le dîner. Évidemment, on s’était mis pour l’hôte en frais extraordinaires. On avait ajouté au menu habituel deux ou trois plats très recherchés ; l’un d’eux était même si bizarre que personne ne parvint à l’avaler. En outre des vins ordinaires, on servit une bouteille de tokai ; au dessert, sous un prétexte quelconque, on versa du champagne.

Le vieux Zakhlébinine, après avoir bu un peu plus que d’habitude, était plein d’entrain, et riait à tout ce que disait Veltchaninov. À la fin, Pavel Pavlovitch ne put plus se retenir : il voulut, lui aussi, produire son effet, et lança un calembour ; ce fut aussitôt un violent éclat de rire à l’extrémité de la table où il était assis, près de madame Zakhlébinine.

— Papa ! Papa ! Pavel Pavlovitch vient de faire un calembour, crièrent ensemble deux fillettes.