Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/218

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en consentant à vous accompagner, et puis en me comportant là-bas comme je l’ai fait… Tout cela a été si mesquin, si pitoyable… Je me suis sali, avili, en me laissant aller… en m’oubliant… Et puis quoi ! — Il se ressaisit tout à coup. — Écoutez : vous m’avez pris aujourd’hui au dépourvu ; j’étais surexcité, malade… Je n’ai vraiment pas à me justifier ! Je ne retournerai plus là-bas, et, je vous assure, je n’ai rien qui m’y attire, conclut-il résolument.

— Vrai ? bien vrai ? cria Pavel Pavlovitch, transporté de joie.

Veltchaninov le regarda avec mépris et se mit à marcher par la chambre.

— Allons, vous paraissez bien résolu à faire votre bonheur à tout prix ! ne put-il s’empêcher de dire à la fin.

— Oh ! oui, dit Pavel Pavlovitch, doucement, avec un élan naïf.

« C’est un grotesque, songea Veltchaninov, et il n’est guère méchant qu’à force de bêtise ; mais ce n’est pas mon affaire, et, de toute façon, je ne puis pas ne pas le haïr… et pourtant il ne le mérite même pas ! »

— Voyez-vous, moi, je suis un « éternel mari » ! fit Pavel Pavlovitch, avec un sourire soumis et résigné. Il y a longtemps que je con-