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Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/239

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longtemps que j’ai cessé de m’étonner de tout cela. Predposylov vous dirait tout net que votre inintelligence complète des choses les plus naturelles provient de ce que vos sentiments et vos idées ont été parfaitement pervertis par l’existence oisive et stupide que vous avez menée… Au reste, il est possible que nous ne nous comprenions pas même l’un l’autre : on m’a pourtant parlé de vous en fort bons termes… Mais vous avez passé la cinquantaine ?

— Si vous le voulez bien, revenons à notre affaire.

— Excusez mon indiscrétion, et ne vous offensez pas ; c’était sans la moindre intention. Je continue… Je ne suis pas du tout le futur millionnaire que vous vous êtes plu à imaginer… ce qui est une bien singulière idée !… Je suis ce que vous voyez, mais j’ai une confiance absolue dans mon avenir. Je ne serai en aucune façon un héros ni un bienfaiteur de l’humanité, mais j’assurerai l’existence de ma femme et la mienne… Pour être exact, je n’ai à l’heure présente pas un sou vaillant. J’ai été élevé par eux depuis mon enfance…

— Comment cela ?

— Je suis le fils d’un parent éloigné de madame Zakhlébinine : quand je suis resté orphe-