Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fournir ce motif, le jour même du mariage, pour assurer son avenir, je lui remettrai une lettre de change de cent mille roubles, de manière que si je venais à lui tenir tête et à faillir à mes engagements, elle pourrait négocier ma traite, et moi, je risquerais la prison ! Ainsi tout est prévu et l’avenir de personne n’est compromis. Voilà pour le premier point.

— Je gage que c’est Predposylov qui vous a suggéré cette combinaison, dit Veltchaninov.

— Ha ! ha ! ha ! ricana sournoisement Pavel Pavlovitch.

— Qu’est-ce donc qui amuse si fort ce monsieur ? Vous avez deviné juste, c’est une idée de Predposylov ; et reconnaissez que c’est bien trouvé. De toute façon, notre absurde législation est tout à fait impuissante contre nous. Naturellement, je suis bien décidé à l’aimer toujours, et elle ne fait que rire de ces précautions ; mais enfin, reconnaissez que tout cela est habilement et généreusement combiné, et que tout le monde n’en userait pas de la sorte.

— À mon avis, non seulement le procédé manque de noblesse, mais il est tout à fait vilain.

Le jeune homme haussa les épaules.

— Votre sentiment ne me surprend pas le moins du monde, fit-il après un silence ; il y a