Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/256

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trois violents coups de sonnette retentirent. Et de nouveau ils étaient si clairs, si précis, si distincts, qu’il n’était pas possible qu’ils ne fussent pas réels !… Il poussa un cri et se réveilla.

Mais il ne courut pas à la porte, comme l’autre fois. Quelle idée subite dirigea son premier mouvement ?… Est-ce même une idée quelconque qui à ce moment le fit agir ?… Ce fut comme si quelqu’un lui disait ce qu’il fallait faire ; il se dressa vivement sur son lit, se jeta en avant, droit vers le divan où dormait Pavel Pavlovitch, les mains tendues, comme pour prévenir, repousser une attaque. Ses mains rencontrèrent d’autres mains, tendues vers lui ; il les saisit fortement ; quelqu’un était là, debout, penché vers lui. Les rideaux étaient fermés, mais l’obscurité n’était pas complète ; il venait une faible lueur de la pièce voisine, qui n’avait pas de rideaux opaques. Tout à coup, une douleur terrible lui déchira la paume et les doigts de la main gauche, et il comprit qu’il avait saisi fortement de cette main le tranchant d’un couteau ou d’un rasoir. Au même moment, il entendit le bruit sec d’un objet qui tombait à terre.

Veltchaninov était bien trois fois plus fort