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Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/273

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— Comment, pendu ?… Et pourquoi donc ? fit Lobov en ouvrant de grands yeux.

— Rien… ne faites pas attention… Je croyais… Continuez.

— Mais quelle singulière idée !… Il ne s’est pas pendu du tout ! Pourquoi se serait-il pendu ? Au contraire, il est parti. Je viens de le mettre en wagon… Mais ce qu’il boit ! ce qu’il boit ! il chantait à tue-tête dans le wagon ; il s’est souvenu de vous ; il m’a recommandé de vous saluer… Voyons, est-ce une canaille ? qu’en pensez-vous ? dites ?

Le jeune homme était extrêmement surexcité : son visage enluminé, ses yeux étincelants, sa langue pâteuse en témoignaient suffisamment. Veltchaninov éclata de rire, à gorge déployée.

— Alors, eux aussi, ils ont fini par fraterniser ! Ha ! ha ! Ils se sont embrassés et ils ont pleuré ensemble !

— Sachez qu’il a pris congé, là-bas, tout de bon. Il y est allé hier et aujourd’hui aussi… Il nous a dénoncés en plein. On a enfermé Nadia dans la pièce de l’entresol. Des cris et des pleurs, mais nous ne céderons pas !… Mais ce qu’il boit ! ce qu’il boit ! Il parlait tout le temps de vous… mais quelle différence avec