Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/274

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vous ! Vous, vous êtes vraiment un homme très bien, et puis, vous avez fait partie de la bonne société, et, si vous êtes forcé de rester à l’écart, à présent, c’est uniquement par pauvreté, n’est-ce pas ?…

— Alors, c’est lui qui vous a dit cela de moi ?

— C’est lui, c’est lui, mais ne vous fâchez pas. Être un bon citoyen, cela vaut mieux que d’être de grand monde. Mon avis à moi, c’est qu’en notre temps on ne sait plus du tout qui estimer en Russie. Et convenez que c’est une affreuse calamité, pour une époque, de ne plus savoir qui estimer… n’est-il pas vrai ?

— C’est fort exact… Mais lui ?

— Lui ? Qui, lui ?… Ah ! parfaitement !… Pourquoi diable disait-il : « Veltchaninov a cinquante ans, mais il est ruiné » ? Pourquoi mais, et non pas et ? Il riait de bon cœur, et il a répété cela plus de mille fois. Il est monté en wagon, il s’est mis à chanter, et il a pleuré… C’était simplement honteux ; c’était même pénible, cet homme ivre !… Ah ! je n’aime pas les imbéciles !… Et puis il jetait de l’argent aux pauvres pour le repos de l’âme de Lisa… C’est sa femme, n’est-ce pas ?

— Sa fille.

— Qu’avez-vous donc à la main ?