Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/33

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Veltchaninov le suivait de l’œil, tout stupéfait.

« Serait-ce moi qui le poursuis, songea-t-il, et non pas lui ?… »

Quand il eut achevé de dîner, Veltchaninov courut à la maison de campagne du tchinovnik. Il n’était pas chez lui : on lui répondit « qu’il n’était pas rentré depuis le matin, qu’il ne rentrerait sans doute pas avant trois ou quatre heures de la nuit, parce qu’il était en ville, chez son neveu ». Veltchaninov s’en trouva « offensé » au point que son premier mouvement fut d’aller chez le neveu. Mais en route il réfléchit que cela le mènerait loin, quitta son fiacre à mi-chemin et se dirigea en flânant vers sa maison, proche du Grand-Théâtre. Il sentait qu’il avait besoin de marcher. Il lui fallait une bonne nuit de sommeil pour calmer l’ébranlement de ses nerfs, et, pour dormir, il lui fallait de la fatigue. Il ne se trouva donc chez lui qu’à dix heures et demie, car la distance était grande, et il rentra éreinté.

Le logement que Veltchaninov avait loué au mois de mars après s’être donné tant de mal pour le trouver — s’excusant, par la suite, de ce « qu’il était en camp volant, et n’habitait que momentanément Pétersbourg… à cause de ce maudit procès » —, cet appartement