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Page:Dostoïevski - L’Idiot, tome 1.djvu/401

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X

Après avoir trempé ses lèvres dans la tasse que lui avait offerte Viéra Lébédeff, Hippolyte la déposa sur la table et promena ses yeux autour de lui. Il avait l’air confus, presque interdit.

— Voyez un peu, Élisabeth Prokofievna, commença-t-il avec une sorte de précipitation étrange : — ces tasses de porcelaine qui ont, paraît-il, une grande valeur ne sortent jamais du chiffonnier de Lébédeff ; sa femme les lui a apportées en dot et il les tient toujours sous clef. Voilà pourtant qu’il nous a fait servir du thé dans ces tasses, c’est en votre honneur, bien entendu, il est si content…

Il voulait encore ajouter quelque chose, mais il resta court.

— Il s’est troublé, je m’y attendais ! dit tout à coup Eugène Pavlovitch à l’oreille du prince : — c’est mauvais signe, qu’en pensez-vous ? Pour sûr, à présent, sous l’influence du dépit, il va accoucher de quelque excentricité telle qu’Élisabeth Prokofievna elle-même ne pourra pas y tenir.

Le prince l’interrogea du regard.

— Vous n’avez pas peur d’une excentricité ? poursuivit Eugène Pavlovitch. — Moi non plus, je la désire même, et ce uniquement pour la punition de notre chère Élisabeth Prokofievna ; je tiens fort à ce qu’elle reçoive une leçon aujourd’hui même, tout de suite, et je ne m’en irai pas avant. Vous paraissez avoir la fièvre.

— Plus tard ; laissez. Oui, je suis souffrant, répondit avec impatience le prince, qui avait à peine écouté Radomsky. Il venait d’entendre prononcer son nom, Hippolyte parlait de lui.

— Vous ne le croyez pas ? disait le malade avec un rire