devriez, en attendant, passer au salon… Pourquoi est-il ici ? ajouta-t-il d’un ton sévère en s’adressant au domestique.
— Je vous dis que c’est lui-même qui a voulu…
Sur ces entrefaites s’ouvrit brusquement la porte du cabinet ; de cette pièce sortit un militaire qui tenait à la main un portefeuille et parlait haut en prenant congé du maître de la maison.
— Tu es là, Gania ? Viens donc ici ! cria quelqu’un du cabinet.
Après avoir fait au prince un léger salut, Gabriel Ardalionovitch s’élança dans la chambre où on l’appelait.
Au bout de deux minutes, la porte s’ouvrit de nouveau et la voix sonore du secrétaire se fit entendre :
— Donnez-vous la peine d’entrer, prince, dit-il courtoisement.
III
Lorsque le visiteur parut, Ivan Fédorovitch Épantchine, debout au milieu de son cabinet, le considéra avec une curiosité extraordinaire et fit même deux pas au-devant de lui. Le prince s’approcha du général et se nomma.
— Eh bien, répondit le maître de la maison, — en quoi puis-je vous servir ?
— Je n’ai aucune affaire pressante ; mon but était seulement de faire connaissance avec vous. Je ne voudrais pas vous déranger, car je ne connais ni votre jour ni vos heures… Mais moi-même j’arrive à l’instant du chemin de fer… je reviens de Suisse.
Le général allait sourire, mais la réflexion l’en empêcha ; il resta un moment pensif, cligna les yeux, examina une seconde fois son visiteur des pieds à la tête, puis, d’un geste rapide, lui indiqua une chaise. Lui-même s’assit un peu de