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Page:Dostoïevski - L’Idiot, tome 2.djvu/167

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dites-lui que je me plaindrai à mon père, qu’on la mettra dans une maison de correction…

Le prince se dressa d’un bond et regarda avec épouvante le visage irrité de son interlocutrice, puis un brouillard se répandit soudain sur ses yeux…

— Vous ne pouvez pas sentir ainsi… ce n’est pas vrai ! balbutia-t-il.

— C’est vrai ! C’est l’exacte vérité ! vociféra Aglaé presque hors d’elle-même.

— Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est la vérité ? fit à côté d’eux une voix alarmée.

Devant les deux jeunes gens apparut Élisabeth Prokofievna.

— C’est vrai que j’épouse Gabriel Ardalionovitch ! Que j’aime Gabriel Ardalionovitch et que demain je m’enfuirai avec lui de la maison ! répondit violemment Aglaé. — Avez-vous entendu ? Votre curiosité est-elle satisfaite ? Cela vous suffit-il ?

Et elle prit au galop le chemin de sa demeure.

Le prince voulait s’éloigner, Élisabeth Prokofievna le retint :

— Non, batuchka, à présent ne vous en allez pas, faites-moi le plaisir de venir vous expliquer avec moi à la maison…… Quel supplice ! je n’ai pas dormi de la nuit……

Le prince suivit la générale.

IX

En arrivant dans la première pièce de sa villa, Élisabeth Prokofievna, hors d’état d’aller plus loin, se laissa tomber sur une couchette ; elle était à bout de forces et oublia même d’inviter le prince à s’asseoir. La chambre où ils venaient d’entrer était une salle assez grande au milieu de